lundi 15 décembre 2008

LARMES DE PIERRE par Fred C

Article paru dans « La Nouvelle République du Centre » Juillet 1985.
Tragique collision d’un train corail avec un camion à un passage à niveau sur la commune de St Pierre du Vouvray. Le bilan est de 10 morts et plus de 60 personnes blessées, dont certaines très gravement. Les voitures du train ont été éparpillées de manière incroyable (certaines à 90° de la voie), en raison de la configuration du train. Il s’agissait en effet d’un train réversible, c'est-à-dire que la locomotive poussait le train : celle-ci continua de pousser alors que l’avant du train était déjà entré en collision. Les blessés ont été transportés à l’hôpital de Tours où une cellule d’assistance psychologique a été constituée pour venir en aide aux familles des victimes. Le préfet et le directeur de la SNCF ont tenu à adresser leurs condoléances à toutes les familles; ne doutons pas qu’un tel accident donnera lieu à une enquête et que des mesures seront prises pour tâcher à l’avenir d’éviter que ce genre de catastrophe ne se reproduise.
Nous avons une pensée toute particulière pour notre confrère et ami Pierre Chabert, qui perd dans cette tragédie sa jeune femme et sa petite fille de 5 ans et qui reste seul avec un bébé de 10 mois. Nous lui adressons nos très sincères condoléances et l’assurons de notre profond soutien.

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Lettre à mes parents, 5 Juillet 1988
Chers papa et maman
Merci de votre carte d’anniversaire et de votre affection, vous savez trouver les mots qui réconfortent. J’ai cette année l’âge de Jésus quand il a affronté son destin. Est-ce un signe ? Comme vous avez pu vous en rendre compte, je ne peux me remettre de l’accident. C’est pourquoi, malgré vos attentions constantes et la présence de mon petit Baptiste qui est pour le moment ma seule raison de vivre, j’ai décidé de partir vers d’autres horizons pour tenter de nous bâtir une nouvelle vie
Je vous ai souvent parlé d’un de mes amis, originaire de Nouvelle Calédonie ; j’ai pu grâce à lui suivre et mieux comprendre les évènements qui s’y sont déroulés depuis 4 ans. La signature il y a quelques jours des « Accords de Matignon » me laisse à penser qu’il y a pour moi là-bas une opportunité d’un nouveau départ. Ce pays semble avoir compris que l’on peut sortir d’une guerre civile et ethnique par le dialogue et j’aimerais pouvoir vivre au plus près cette « reconstruction ». Bien sûr, vous allez me dire qu’il est inconscient de ma part d’entraîner Baptiste dans cette aventure et c’est donc pour cela que je voudrais vous demander de bien vouloir vous occuper de lui pendant ces prochaines semaines, le temps pour moi de faire le point là-bas, de m’y installer professionnellement et d’organiser sa venue. Il sera bientôt en âge d’aller à l’école et comme, en Calédonie, les années scolaires sont décalées, je pourrais certainement venir le chercher en fin d’année pour une rentrée en février de l’année prochaine. Bien sûr, si cela m’est possible, je reviendrai d’ici là pour ne pas rester trop longtemps sans le voir et vous « décharger » un peu de cette responsabilité que je vous impose. Mais je sais qu’il sera bien avec vous car il vous adore et j’espère qu’il comprendra ma décision quand il sera grand. Vous allez sans doute trouver que ce départ est rapide, ne vous en inquiétez pas, cela fait maintenant juste trois ans, que Françoise et Pauline nous ont quittés et je n’en peux plus. Je me rends compte que je fais beaucoup trop lourdement peser mon chagrin sur Baptiste et pour son bien il me faut changer de vie. Nous avons le droit tous les deux à une seconde chance. Il est bien évident que si les conditions sont incertaines et qu’il n’y a pas de place pour nous deux là-bas, je ne prendrai pas le risque de nous y installer et reviendrai alors ici. Je viendrai avec Baptiste à Châteauroux dés que possible discuter de tout cela avec vous, en espérant vivement que vous serez d’accord avec ce projet qui vous demande, j’en suis conscient, beaucoup de participation et de responsabilité. Pourriez-vous d’ici là me faire part de votre réaction ? Puis-je envisager de vous laisser Baptiste lors de notre prochaine venue ? Merci d’avance de votre compréhension, on se téléphone.
A très vite, avec toute mon affection, Pierre.



Carte à mes parents, 27 Février 1989

Bon Anniversaire maman chérie
Nous pensons tous les 2 très fort à toi et vous nous manquez déjà beaucoup papa et toi.
Ici, c’est la rentrée et il fait très chaud! Si vous aviez pu voir votre petit-fils ! Un mélange de fierté et de crainte devant son nouvel environnement. Sa maîtresse est toute jeune et semble bien gentille. Tout va bien depuis notre dernier appel, Baptiste a des copains dans la résidence et Pascaline s’occupe très bien de lui. Ce week-end elle nous a invités dans sa famille qui habite dans une tribu de la chaîne, nous avons « fait coutume » sous les yeux émerveillés de Baptiste. Tout cela lui fera de beaux souvenirs …
Nous t’embrassons très fort ainsi que papa bien sûr, transmets nos baisers à tous ceux qui t’entourent en cette belle journée. Pierre et Baptiste

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Avis de décès – La Nouvelle République du Centre - 2 décembre 1998
Edmée Chabert sa femme, ses enfants, Luc, Pierre et Claire, ses petits enfants ainsi que sa sœur et toute sa famille, ont la douleur de vous faire part du décès de Paul Chabert, survenu le 30 novembre 1998 dans sa 73ème année.
Les obsèques auront lieu le 3 décembre à 15h en la Cathédrale St André de Châteauroux et l’inhumation au cimetière de Ste maure.

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Article paru dans « les Nouvelles Calédoniennes » Juin 2008
Ce mardi, au cimetière du 6ème km, on enterrait Germain Mourot, mort brutalement dans sa 60ième année. De nombreux calédoniens, personnalités du monde politique et de la société civile, amis et anonymes, entouraient ses proches pour un dernier adieu à cet homme qui, de par son métier de psychanalyste et son tempérament compassionnel aura toujours cherché à redonner courage aux estropiés de la vie. Germain Mourot était né sur le Caillou en 1948 et après être parti faire ses études en métropole, avait choisi de revenir s’installer à Nouméa, où il exerçait depuis 1978 son métier de thérapeute.
On pouvait ressentir dans l’assistance beaucoup de tristesse et de douleur mais aussi beaucoup d’incompréhension. Comment, en effet, imaginer une mort violente pour cet homme à l’écoute des autres ? Comment expliquer la découverte macabre de son corps au pied d’une des falaises de Gohapin? Mais quelle qu’en soit la cause, accident tragique, acte désespéré ou acte criminel, la présence dans l’assistance du Commissaire Davois démontre, s’il en était besoin, que l’enquête continue et nous espérons que sa famille et ses proches pourront avoir enfin les réponses qu’ils attendent, même si celles-ci n’atténuent en rien la douleur de perdre un être cher.
Toute la rédaction adresse ses sincères condoléances à la famille du défunt.
P. Chabert.


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Lettre adressée au « Chien Bleu » juin 2008 :
« Mort d’un psy ». L’autre jour, sur notre beau caillou un psychanalyste est mort de façon brutale et encore inexpliquée. Paix à son âme. Etonnant tout de même, me direz-vous, que la vie sur cette île « si proche du paradis » nécessite la présence de psy ; et ils sont nombreux ces psy-quelque-chose! Quoique, comme l’a écrit si judicieusement un de mes collègues en écriture : « avec un tel slogan … on devrait se méfier ! ». De même, ADG écrivait « si la Calédonie pouvait être l’île la plus proche du paradis comme disaient les Japonais, elle pouvait aussi être un impitoyable purgatoire d’ennuis, de non-dits, de trous existentiels. » Ceci expliquerait en partie la part belle donnée à ces thérapeutes de tous poils, qui, contrairement à tous les membres du monde médical, n’ont aucune obligation de résultats ! A savoir maintenant si ce monsieur y est bien arrivé, au paradis ? Et pourra - t’il enfin avoir l’âme en paix, car l’on sait bien que pour être psy, il faut l’avoir très perturbée … l’âme !
Il semble donc qu’à force de côtoyer des patients plus ou moins déboussolés, à force de vouloir leur faire croire que la vie mérite d’être vécue, il peut ainsi arriver que l’on se retrouve gisant au pied d’une falaise ! Etait-il torturé au point de mettre fin à ses jours ou bien l’aurait-on un (tout petit) peu poussé ? Savait-il trop de choses sur les mœurs de nos « people » qui se retrouvent dans les soirées branchées de la Baie des Citrons (ou d’ailleurs)? Sa dette au Casino commençait-elle à devenir trop importante pour pouvoir être remboursée, malgré le prix exorbitant des séances de psychothérapie? Bien sûr, notre commissaire fouineur local (et ses hommes !) est sur les dents mais, comme à son habitude, il ne semble pas prêt à accepter de nous tenir informés des avancements de l’enquête. Nous ne savons rien encore des résultats de l’autopsie – dossier classé confidentiel – et selon ce que découvrira la police on risque fort de rester sur un « décès brutal » inexpliqué. Le « caillou » est assez friand de ce genre de conclusion, d’autant plus quand cela touche une personnalité du gotha nouméen qui s’était regroupé autour de la famille lors des obsèques et donnait l’impression de se serrer les coudes. Que va-t-on encore nous cacher ? Affaire à suivre, donc.
PiR2

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Lettre à mon fils- Mai 2008

Cher Baptiste

Envie pour la première fois de t’appeler Jean-Baptiste, prénom qu’aimait tant ta maman et qu’elle avait à l’origine choisi pour toi. C’est moi qui alors en ai décidé autrement ! De quel droit ?! Je m’en veux aujourd’hui de ne pas lui avoir fait ce cadeau, ce plaisir ; je devais être alors un horrible macho ! Si j’avais su ! C’est toujours ce que l’on dit quand il est trop tard. Et pourtant si tu savais comme j’ai aimé ta maman ; elle et ta sœur me manquent depuis 23 ans. Tu les as remplacées, nous avons fait notre vie tous les deux et maintenant que tu vis loin de moi, je prends conscience du fardeau que je t’ai fait porter …
Mon cher fils, est-ce l’enterrement auquel je viens d’assister ou bien le faire-part que je viens de recevoir qui me fait prendre la plume ? Cela fait si longtemps que je ne t’ai pas écrit une « vraie » lettre ! Les courriels sont pratiques et sécurisants et les appels « skype » nous gardent en contact mais parfois les mots ont besoin d’être formés à la main, posés sur papier et postés ; ils me semblent ainsi plus pensés, plus mûris, plus intimes aussi.
L’enterrement dont je fais mention, ne concerne personne de notre entourage ; Il s’agit de celui d’un psychanalyste local que l’on a découvert gisant au pied d’une falaise. Je ne le connaissais pas personnellement, mais je suis allé aux obsèques pour écrire l’article dans les « nouvelles ». Les paroles exprimées par ses proches m’ont rappelé que j’avais rencontré un psy après l’accident qui a coûté la vie à ta maman et à ta sœur. A l’époque, mamie avait pensé que cela m’aiderait mais j’avais trop de douleur et de colère en moi pour écouter ou même pour seulement entendre les mots sensés me redonner goût à la vie. Je me suis rendu compte aujourd’hui que cet homme, alors, aurait pu m’apporter une aide, un soutien - peut-être –
De retour de la cérémonie, m’attendait dans la boite aux lettres le faire-part de la naissance de NOEMIE, la troisième petite fille de ta tante Martine.
Tu ne dois avoir aucun souvenir de la sœur de ta maman ni même de tout ce côté de la famille et c’est aussi pour cela que j’ai eu besoin de t’écrire. Après la mort de Françoise et de Pauline je ne savais plus quoi faire, je me suis recroquevillé, refermé sur ma souffrance et malgré la volonté sincère de chercher à te préserver, je t’ai entraîné dans mon enfermement. Je n’ai pas su faire le deuil et ne t’ai pas permis de faire le tien quand tu es arrivé à l’âge de pouvoir le faire.
Je voudrais aujourd’hui m’excuser pour les décisions que j’ai prises sans te demander ton avis. Je t’ai entraîné dans ma fuite en Calédonie, j’ai mis de la distance avec nos racines, j’ai coupé les ponts avec la famille de ta maman ; c’était trop dur pour moi, mais, croyant bien faire, je n’ai pas su me mettre à ta place et n’ai pas compris comme tu pouvais souffrir de cet éloignement, du désert relationnel dans lequel je t’imposais de vivre.

Par ces quelques mots je te demande de bien vouloir me pardonner mon égoïsme. Malgré tout cela tu as grandi, tu as fait ton chemin, un chemin dont je suis tellement fier ! C’est à toi d’être fier, non à moi
Car tout le mérite t’en revient. Je me souviens, entre autres, du jour où tu as obtenu la mention « Très Bien » au Bac, à 18 ans à peine ; je n’étais pas peu fier de rédiger l’article du journal : j’ai eu beaucoup de mal à ne pas écrire que « mon fils » faisait partie des 8 lauréats de cette année 2002 ! Combien de fois t’ai-je admiré sur la plage de la Côte Blanche, quand tu arrivais vainqueur de tes régates, d’abord « d’optimistes » puis de 407, moi qui n’ai jamais eu le pied marin. Tu as toujours su ce que tu voulais faire, tu ne t’es jamais plaint, tu as poussé à mes côtés sans me poser jamais le moindre souci. Je ne me rendais pas compte de ta force de caractère, on aurait dit que je pensais être le seul à souffrir de l’absence de ta maman et de ta sœur. Depuis 3 ans, tu as choisi la Nouvelle-Zélande, je comprends que le « Caillou » t’ait semblé trop petit, trop tranquille, trop peu inventif pour envisager d’y passer le reste de ta vie. Sache qu’à aucun moment je ne t’en ai voulu de ta décision, même si ton absence m’est douloureuse.
Mon cher fils, je n’ai plus à t’imposer mes humeurs, et j’espère que ma dernière décision ne te causera ni déception ni chagrin.
Je viens de décider de rentrer en Frônce, comme l’on dit ici ! Eh oui, il est bien temps, me diras-tu, de prendre conscience de mes racines ! Plus rien ne me retient ici ; ta grand-mère se fait vieille et vit seule depuis la mort de papy, j’ai envie de passer les prochaines années près d’elle et de retrouver les membres de notre famille que j’ai laissés tomber il y a 20 ans. Je suis le vieil oncle de 5 neveux et nièces que je connais à peine, je suis même grand-oncle ! Promis je t’enverrai plein de photos, il est grand temps que je te concocte de vrais albums photos ! On appelle ça du « scrapbooking » maintenant !
J’ai conscience cette fois de t’abandonner et de mettre 20000 kms entre nous alors que tu es encore tout jeune. Je ne supporte plus d’être moi-même à 20000 kms de mes racines, racines que je pensais avoir laissées derrière moi.
Je refais le chemin inverse, ce ne sera certainement pas facile mais j’en ressens le réel besoin. J’espère que tu pourras régulièrement venir nous voir et nous raconter ta vie. Ne m’en veux pas, j’espère avoir néanmoins été un bon père, et sache que si tu as le moindre problème … j’arrive !
Avant de décider de vendre la maison je voudrais savoir si elle t’intéresse et si tu souhaites la garder comme pied-à-terre pour tes vacances ? Sinon je pense la vendre et acheter un terrain à bâtir dans les environs de Châteauroux. Je pense pouvoir travailler pour diverses maisons d’édition avec lesquelles j’ai gardé des contacts professionnels et il me vient l’envie d’écrire … pour de vrai ! Peut-être pour mes futurs petits-enfants ?...
J’espère pouvoir quitter le « Caillou » avant la fin de l’année et bien évidement ferai un stop à Auckland pour passer quelques jours avec toi.
Cher Baptiste, sois sûr de tout mon amour, même si je suis trop bourru pour l’exprimer, je t’embrasse du fond du cœur et te souhaite une vie belle et heureuse.
Papa


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Réponse de Baptiste - Juin 2008

Cher papa
Inutile de te dire combien ta lettre m’a ému et à plus d’un titre !
D’abord pourquoi voudrais-tu que je t’en veuille ? Malgré la douleur, le chagrin et la colère contre l’insupportable, tu as toujours été présent pour moi. Sans être très câlin, tu as été attentif et attentionné. Bien sûr je t’en voulais quand j’étais petit de ne pas pouvoir aller chez papi et mamie plus souvent pour les vacances, mais je crois sincèrement que le choix de venir en Calédonie a été une bonne chose pour toi comme pour moi. J’ai eu une enfance tellement douce et tranquille dans un décor de rêve. Parfois, j’avais l’impression que maman et ma sœur me manquaient, mais je crois que c’était surtout parce que je sentais ton chagrin et ta solitude. Tous mes copains avaient une maman, parfois ils n’avaient pas de papa ; j’ai appris à vivre sans elles : c’était certainement plus facile pour moi qui les avais si peu connues. A ce propos je dois sincèrement te remercier de n’avoir pas voulu remplacer maman. Les quelques amies que je t’ai connues ont toujours été discrètes et gentilles avec moi, mais je crois que je n’aurais pas vu d’un très bon œil qu’elles s’installent « chez nous » !
C’est ce Caillou qui m’a donné le goût de la mer et de la voile et qui m’a permis de connaître l’Australie et la Nouvelle Zélande où tu m’as fait séjourner à plusieurs reprises pour apprendre l’anglais. . Merci à toi : cela aurait quand même été moins facile à Châteauroux !

Quand à ta décision de rentrer en Frônce, non seulement je m’en doutais mais en plus je dois te dire que ça tombe très bien ! Car, moi aussi, j’ai une nouvelle pour toi : j’ai rencontré une jeune fille au cours de mon stage et ça été le coup de foudre ! Elle s’appelle Stacy, elle a 2 ans de plus que moi et nous avons très envie de monter un projet ensemble : d’abord professionnel … et ensuite … quizas, quizas ???
Bref, voila de quoi il s’agit : les parents de Stacy vivent sur la côte Est de l’Ile du nord dans la région d’ Hawkes Bay où ils possèdent une exploitation viticole. Tu te souviens de ces Chardonnay blancs délicieux et de la ville art-déco de Napier que nous avons tant aimée? Il n’y a pas de hasard décidément ! Et bien, comme ils ont besoin d’élargir leur production (avec du Syrah et du Merlot) et leur commercialisation internationale, je leur ai proposé de m’en occuper avec leur fille et je cherche un correspondant en Europe. Ton retour ne peut donc mieux tomber et si tu en es d’accord on pourrait ainsi travailler ensemble : ce n’est pas demain la veille que tu vas te mettre à la retraite ! Et pour ton futur bouquin … ça t’ouvre des horizons ! Qu’en penses-tu ?
Outre l’intérêt de ce projet qui nous passionne, Stacy et moi, cela nous donnerait en plus la possibilité de venir souvent te voir en France et de renouer ainsi les liens familiaux qui me manquent aussi, je te l’avoue.

En ce qui concerne la maison, j’en ai parlé à Charles et Jenny (mes … futurs ? … beaux-parents ? …) et ils m’ont proposé de te l’acheter pour en faire un pied-à terre pour la famille (eux, nous et toi bien sûr !) car ils aiment beaucoup la Calédonie. Quand je te dis que ta lettre ne pouvait mieux tomber !
Tu vois qu’il ne faut jamais désespérer ! Nous avons été malmenés, bousculés, cassés par la vie ou plutôt par la mort, mais tu as su nous préserver tous les deux. Tu nous as construit une coquille protectrice, tu n’as jamais baissé les bras. Nous nous en sommes sortis et vois comme aujourd’hui une famille se reconstitue : j’ai trouvé mon âme sœur comme tu avais trouvé la tienne ; Dieu, s’il existe, ne permettra pas que se reproduise la même catastrophe ; alors je t’en prie, retourne vers tes racines comme tu le souhaites sans t’inquiéter de moi. Ma vie est belle grâce à toi, là-haut maman et Pauline le savent et sont fières de toi. Quant à nous, Stacy et moi, nous te donnerons de beaux petits-enfants à qui tu pourras apprendre l’art de la photographie et le la sculpture ; tu pourras leur écrire des livres pour enfants que nous leur lirons le soir avant qu’ils ne s’endorment ; ils t’emmèneront même faire du dériveur sur l’étang de La Gabrière ; nous leur apprendrons les vins, les cépages et les parfums ; ils seront bilingues, voyageront à travers le monde et même si tout n’est pas si rose, la vie continuera contre vents et marées.
D’ici là … Je vais proposer à Stacy qu’on vienne te voir à Nouméa avant ton départ, nous discuterons de tout cela et parlerons de la maison, je suis sure que Stacy va l’adorer et souhaitera qu’elle « reste dans la famille » !
Merci encore, cher papa, de tes mots et de l’émotion qu’ils provoquent, je te téléphone pour te dire quand nous pouvons venir, je t’embrasse très fort.
(Jean)Baptiste



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Carte postale « cœur de Voh » à ma mère – Fin Juin 2008

Maman chérie
Le temps n’est plus aux télégrammes, aussi cette carte totalement calédonienne pour t’annoncer mon arrivée très prochaine. Mon retour sera, cette fois, définitif car je compte m’installer à tes côtés. Ce n’est pas une blague et je préférais te l’écrire avant de te le dire par téléphone. Baptiste est au courant, je te dirai tout très bientôt ; le temps pour moi d’organiser mon départ et je serai de retour pour la fin de l’été. Je t’embrasse très fort, ton fils prodigue.
Pierre

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